la vingtaine, rétrognathe, classe II, division 2, 36 mois de travail, avancée mandibulaire nécessaire

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

Mot-clé - clinique

Fil des billets - Fil des commentaires

samedi 9 mars 2013

Post-opératoire et déblocage

Visite chez l'orthodontiste à J+1076


J'ai une visite chez l'orthodontiste cinq jours après l'intervention, ça fait déjà trois jours que je suis chez moi. L'orthodontiste est contente, elle me trouve gonflé mais pas tant que ça. Elle me donne des détails sur l'intervention : l'opération a duré entre deux heures et deux heures trente, c'est cohérent avec ce que j'avais calculé d'après le "carnet de bord" que j'avais retrouvé sur mes jambes dans la salle de réveil juste après l'opération. L'orthodontiste n'était pas présente au début de l'intervention (je ne l'ai pas vue dans la clinique), le chirurgien avait déjà commencé à opérer. L'anesthésiste est resté tout le temps de l'opération, d'habitude il passe de bloc en bloc. Elle me révèle aussi que le chirurgien a toujours du mal avec le côté gauche. Je lui montre les radios faites le lendemain de l'opération, elle me confirme qu'il y a bien eu fracture des deux côtés de la mandibule mais c'est la première fois qu'elle voit une seule fracture sur la radio. Pendant l'opération ils ont eu du mal à fixer le côté droit car cela glissait. En fait pendant l'opération ils ont d'abord vissé le côté gauche et ont fini par le côté droit.

Il existe un léger décalage latéral qu'on corrigera par des élastiques sans doute. Les séances de kiné permettront de soulager les ATMs, car l'articulation temporo-mandibulaire semble fragile à droite (je m'étais plaint de craquements avant l'opération), et de faire du drainage lymphatique, ça me fera du bien.

Visite chez le chirurgien à J+1084


J'ai une visite chez le chirurgien treize jours après l'opération, je rentre dans la salle d'attente avec mon sparadrap sur le menton, on me dévisage. Je pensais qu'il y aurait peu de personnes en journée, au contraire la salle est pleine ! Je ne suis pas très à l'aise. Comme il s'agit d'un cabinet de chirurgie maxillo-faciale, peut-être que c'est ce qui attend certains d'entre eux ? Au bout de quelques minutes le chirurgien m'appelle, je lui dis que je n'ai aucune douleur, il vient de voir une patiente qui a fait une bimax, ce n'est pas pareil... Une fois dans son cabinet le chirurgien veut voir mes cicatrices, il me prévient que j'aurai mal car il veut voir au fond de la bouche, sur les côtés mais je ne ressens aucune douleur. Je lui demande si je peux enlever le sparadrap car au bout de 13 jours il est quand même assez sale et il me l'enlève volontiers. Le chirurgien a également regardé les radios, tout est bon selon lui. Il y a bien une fracture à droite, on la voit difficilement. Je lui demande si les vis sont bien placées par rapport aux racines des dents, il me dit que c'est bon. Je lui dis aussi qu'il y a eu une évolution en treize jours, le bas a légèrement reculé. Je lui fais part aussi de mes sensations inhibées au niveau de la lèvre inférieure et du menton, des douleurs aux ATMs, tout est normal pour lui, les nerfs sont un peu endormis et les muscles ont bougé car il a dû les décoller autour des branches de la mandibule, ça a travaillé. Il me demande d'appeler le cabinet de kiné d'ici trois semaines et il veut me revoir d'ici sept semaines.

Visite chez l'orthodontiste à J+1090


Jamais je n'ai autant vu les spécialistes qui s'occupent de moi, les visites s'enchainent, cette fois l'orthodontiste regarde rapidement, elle est contente mais c'est trop tôt pour me débloquer. On est mardi, ce sera pour vendredi.

Visite chez l'orthodontiste à J+1093


C'est enfin le jour du déblocage ! J'attendais ce jour avec impatience surtout que j'avais vu l'orthodontiste trois jours avant seulement, elle aurait pu me débloquer à ce moment là mais elle a préféré attendre quelques jours de plus. Donc vingt-deux jours à me nourrir avec une paille, ça commençait à faire long ! Et encore je peux m'estimer heureux, il y a vingt ans on bloquait la mâchoire pendant quarante jours ! Elle a retiré neuf élastiques, je ne pensais pas en avoir autant. Je n'aurai plus à porter ces élastiques en journée mais chaque soir il faudra que je pose tout seul avec un petit outil six élastiques "loup" dans ma bouche, trois de chaque côté. La canine 13 verrouille trop l'occlusion, l'orthodontiste a eu du mal à la positionner pendant l'opération, elle écartera cette dent plus tard. Les deux maxillaires ne sont pas centrés, ce sera à corriger plus tard. L'orthodontiste m'a raconté l'histoire d'un camarade de promotion qui après ses études en orthodontie a subi la même intervention que moi, une avancée de la mandibule. Elle ne le savait pas quand elle l'a revu et elle trouvait qu'il avait bien vieilli. Elle dit que ça change le visage et que ça rend mieux. Cela me fait plaisir, on dirait que je viens de faire de la chirurgie esthétique. D'après elle les personnes remarquent un changement mais ne savent pas ce qui a changé. Elle me rappelle que j'ai bien réagi à l'opération, que j'ai peu gonflé. Au niveau nourriture, c'est à moi de voir ce que je peux manger, c'est simple, il ne faut pas forcer. En effet au delà d'un doigt d'ouverture, cela commence à me faire mal. C'est une bien petite ouverture mais c'est encore normal après vingt-deux jours de blocage. Une ouverture normale se situe entre deux et trois doigts. Le déblocage a eu lieu à 9h30, j'en avais marre de manger toujours la même chose (soupe ou potage, compote et Câlin +) alors j'ai commencé fort avec un restaurant chinois avec des connaissances. C'était l'occasion de retrouver une collègue qui avait bien mémorisé mon visage avant l'opération et qui a bien vu le changement de profil. Toutes les autres personnes n'étaient pas au courant et ne m'ont rien dit. Bien que je pouvais ouvrir la bouche d'environ 1 cm, même le riz à la fourchette était difficile à faire entrer dans la bouche. Et avec une faible sensibilité d'un côté de la lèvre inférieure il m'était difficile de viser avec la fourchette et il restait quelques grains de riz sur cette lèvre. Je coupais les nems et les morceaux de viande au couteau en tous petits morceaux pour pouvoir les faire entrer dans ma bouche, c'était franchement pénible. Bien que ce repas fut assez difficile, ça m'a fait plaisir de varier mon alimentation, de manger quelque chose de consistant et de voir des personnes que j'apprécie. Et je m'enfuis pour être chez moi avant 14h car je suis toujours en arrêt maladie.

Visite chez l'orthodontiste à J+1105


Cinq semaines après l'opération, l'orthodontiste reprend enfin le traitement. Elle change le fil en haut pour écarter les canines. Elle m'a parlé du mois d'août (dans trois mois) pour préparer le débaguage ! J'ai été surpris qu'elle me parle de cela mais ça semble logique, ça fera déjà quatre mois après l'opération. Je ne veux pas précipiter la fin du traitement, surtout les finitions. Je me suis habitué à aller voir mon orthodontiste régulièrement, il va falloir songer à ne plus voir les personnes du cabinet...

Évolution


La cicatrisation se fait lentement sans que j'y pense réellement. Les fils sont toujours présents cinq semaines après l'opération mais petit à petit ils disparaissent, ils partent au brossage ou alors je les mange, je ne vois que ça comme explications. J'ai toujours des sensations curieuses dans le menton, des picotements, ça chatouille, surtout le matin ou après une sieste dans le train par exemple, c'est indéniable. Ces picotements vont durer quelques mois et s'atténuer au bout de deux ou trois mois. Du côté gauche quand je bois de l'eau, j'ai la sensation que ça coule le long d'un trait à l'extérieur de la bouche alors qu'en fait ça se passe bien à l'intérieur de la bouche. Je pense que ça vient de la cicatrice ou alors des nerfs qui sont mal connectés, le corps humain est curieux. Je ne me brosse plus qu'avec des brosses à dent extra souples, la brosse à dent électrique est trop dure à présent. Je n'insiste pas le long des cicatrices.

Regard des autres, remarques


Au bout de dix jours un couple d'amis m'appelle, ils veulent me voir, je ne leur ai rien dit, je suis mal rasé et j'ai un sparadrap sur le menton, qu'à cela ne tienne ! A cause de l'arrêt maladie je ne peux pas sortir avant 16h. Et donc tard dans l'après-midi je vais à l'épicerie acheter une bouteille de vin pour l'offrir à mes amis, je suis un peu gêné de sortir ainsi mais bon je vais quand même en profiter. J'arrive chez mes amis et ils sont surpris de me voir avec un sparadrap sur le visage, je leur explique l'opération, ils croyaient que le sparadrap masquait la cicatrice, comme si j'avais été égorgé ! La fille était même plutôt déçue et considérait l'opération comme de la chirurgie esthétique. Je ne leur ai pas dit que le menton a été retouché... Au final j'ai bu du thé glacé à la paille, rien de solide.

Les quatre semaines d'arrêt passent relativement vite, je n'ai rien fait de particulier, ni pris de l'avance dans des projets personnels que j'aurais bien voulu faire progresser. Et je reprends le travail, apparemment la nouvelle a fuité. Attention à la feuille d'arrêt, il faut bien envoyer le troisième volet à l'employeur, le type d'intervention n'est pas précisé. J'avais joint une photocopie du premier volet car le troisième volet était illisible au niveau des dates d'arrêt et la nouvelle a dû se répandre à partir de l'administration de mon entreprise. Mais que savent-ils réellement ? Le nom de mon chirurgien, l'adresse de son cabinet et le nom de l'intervention : ostéotomie mandibulaire. Ce n'est pas grave mais je ne voulais pas que ça se sache, tant pis. Certaines personnes me trouvent amaigri, comme je n'ai pas de balance je ne sais toujours pas combien de kilos j'ai perdus.

Six semaines après l'opération je revois plusieurs personnes : dans la famille, mon père m'a longtemps dévisagé, on aurait dit qu'il ne me reconnaissait pas. On me trouve un peu gonflé du côté gauche, je trouve aussi. Je passe de 71 kg à 66 kg, j'ai donc perdu 5 kg sans vraiment m'en rendre compte, bon un tout petit peu quand même au niveau du ventre. Mes amis d'enfance que je revois rarement n'ont rien remarqué, je leur ai raconté que j'ai été opéré et c'est pour cette raison que je ne pouvais pas participer au LaserGame avec eux, un jeu que j'adore pourtant. Je préférais éviter un choc six semaines après l'opération.

vendredi 27 avril 2012

Administratif

Avant d'entrer à la clinique, j'ai appelé ma mutuelle pour connaitre le montant du remboursement des dépassements d'honoraires. J'avais déjà le devis de mon chirurgien. Pendant la conversation, la personne de la mutuelle m'a proposé de faire la pré-admission à la clinique, j'ai accepté et à mon entrée à la clinique, mon dossier de mutuelle était déjà prêt. C'était bien pratique. Donc il vaut mieux appeler la mutuelle avant l'hospitalisation, ça fait gagner du temps.

Le lendemain de mon opération, mon chirurgien m'a remis les feuilles d'arrêt maladie en trois volets. Il faut les compléter : nom, prénom, adresse, numéro de Sécurité Sociale, etc. Tous les documents sont à envoyer dans les 48 heures. Les deux premiers volets sont à envoyer à la Sécurité Sociale et le troisième volet à l'employeur. Le troisième volet était illisible car c'est une copie carbone, j'ai donc joint une photocopie du premier volet. Attention, sur le premier volet l'acte est précisé ainsi que le tampon précis du chirurgien (chirurgien maxillo-facial) alors que sur le volet destiné à l'employeur il n'y a pas l'acte et le tampon du chirurgien est beaucoup plus vague (docteur...). Je pense qu'il vaut mieux être vague sur l'acte, l'employeur n'a pas à le savoir. Au travail, très peu de personnes sont au courant de mon intervention.

En sortant de la clinique, j'ai payé les dépassements d'honoraire du chirurgien et de l'anesthésiste. Les frais d'hospitalisation étaient pris en charge à 100% par ma mutuelle. J'ai reçu une facture de plusieurs feuilles. J'ai fait des photocopies pour moi et j'ai envoyé ces factures originales à ma mutuelle pour obtenir le remboursement des dépassements d'honoraire. Avec autant de feuilles, il fallait un timbre un peu plus cher que le timbre à 20 grammes (4 feuilles A4 pour un timbre à 20 grammes). J'ai reçu un virement de ma mutuelle très rapidement.

Pour résumer, il y a plusieurs documents à envoyer dès la sortie de la clinique, ce n'est pas le meilleur moment pour le faire mais il faut le faire. Il faut donc connaître les adresses des destinataires : Sécurité Sociale, mutuelle et employeur, ce n'est pas tous les jours qu'on envoie du courrier à ces organismes. Autant préparer les enveloppes et les timbres avant l'hospitalisation, on se facilite ainsi la période post-opératoire, surtout quand on sort un samedi matin.

mardi 3 avril 2012

Opération

J+1071 : jour de l'intervention


6h40 : arrivée à l'entrée de la clinique, il fait nuit. Je transporte ma grande valise bien remplie, on dirait que je pars en vacances. En fait on m'a dit que l'hospitalisation durerait 4 jours, donc il vaut mieux être prêt à tout, ça facilite beaucoup les choses.

7h00 : admission à l'accueil de la clinique, tous les papiers étaient prêts. La secrétaire a imprimé quelques étiquettes.

7h25 : arrivée dans la chambre, douche complète à la Bétadine (shampooing et corps), deux fois. J'ai mis un peu de temps car la douche à la Bétadine était une première pour moi, bon il n'y a rien de spécial en fait mais je ne voulais pas rester tout orangé. La douche ne comportait pas de rideau et je n'avais pas envie de mettre de l'eau partout.

7h50 : je m'habille en tenue de combat et on accroche mon nom à mon poignet.

7h55 : je prends un calmant (c'est vraiment efficace ?) avec 3 ml d'eau et un brancardier qui ressemble à Josh Hartnett me fait faire une petite balade en brancard dans les couloirs de la clinique, il me pose quelques questions. J'espère qu'il ne sort pas du film Sin City. A ce moment là je pensais tout arrêter, où est-ce que je vais ? Qu'est-ce que cette opération va réellement changer pour moi ? Pour qui ? Pour quoi ? Dans quel but faire tout cela ? Rien ne m'y oblige, j'ai encore le choix, c'est même mon choix. Est-ce un caprice ? Mes ATMs vont prendre cher pendant l'intervention, est-ce que je ne suis pas en train de mettre le doigt dans l'engrenage ? Je ne vais pas me retrouver avec plus de problèmes qu'avant ?

8h00 : j'arrive dans une salle juste avant le bloc, un enfant de quelques années pleure et appelle sa mère. L'anesthésiste s'occupe de moi, me pose quelques questions sur mon travail, me demande si je suis droitier pour qu'il me pique dans le bras gauche. Une femme arrive, elle ne participe sans doute pas à mon opération. Elle demande ou affirme que c'est pour une bi-max, je réponds que non c'est seulement une avancée mandibulaire et une génioplastie si besoin. J'espère qu'ils ne se sont pas trompés sur mon cas. Puis mon chirurgien arrive, il me demande d'ouvrir la bouche. L'enfant que je n'ai toujours pas vu continue à pleurer et à appeler sa mère, le pauvre. Le personnel n'arrive pas vraiment à le calmer. J'imagine sa peur. Finalement on me pousse au bloc et au passage mon chirurgien essaie de rassurer l'enfant en blaguant. Le bloc est froid, sombre et immense, comme si on était dans une station spatiale un peu abandonnée. On colle mon brancard au billard et je m'y déplace. Les lampes au plafond sont éteintes, ça me permet de voir leurs facettes, c'est joli. On me couvre et on m'ajoute même un souffle d'air chaud au niveau des pieds et qui remonte pour me réchauffer le corps. C'est très confortable. Seul le buste à partir des tétons est découvert. On me colle trois électrodes sur le torse et près du coeur ainsi qu'un oxymètre de pouls au doigt. Quelqu'un met de la musique dans le bloc ! J'apprécie, de plus le chirurgien me l'avait dit il y a 4 mois. L'anesthésiste me pose une dernière question sur mon métier, je lui réponds.

...

11h45 : je rêve. Dans mon rêve il y a une personne isolée d'autres personnes. Je finis par ouvrir les yeux, la salle est bien plus lumineuse. Une personne pleure au loin, cette fois c'est une fille qui pleure de douleur. Je suis bien au chaud dans un brancard. Je me redresse très légèrement, j'ouvre les yeux, j'ai la vue troublée, je n'arrive pas à fixer mon regard ou à distinguer les personnes. Avec mes mains je sens que j'ai les jambes attachées par une ceinture en cuir au niveau des genoux, j'essaie de déboucler cette ceinture de la main gauche mais je n'y arrive pas. Je me rallonge et me rendors pour quelques instants mais je suis réveillé par cette fille ou cette femme qui pleure de douleur. Et ça recommence plusieurs fois. Il y a une horloge tout en haut du mur derrière moi. Au bout de 40 minutes environ j'arrive à y voir de plus en plus clair. Je n'ai rien sur mon visage à part une sorte de sparadrap pour maintenir mon menton en place mais je n'ai aucun drain et aucun trou dans la peau. Lors du rendez-vous avec l'anesthésiste, on m'avait prévenu de la présence d'une "tulipe" dans le nez et elle est bien dans la narine gauche. C'est un tube qui m'aide à respirer, il ne me gêne pas tellement. Devant moi une fille commence à émerger tout comme moi il y a quelques minutes, je lui fais coucou de la main pour encourager cette compagnonne de galère mais elle ne me répond pas. A ma gauche une personne dort, j'entends sa respiration. Je commence à lire mon dossier, je lis que j'ai deux plaques dans la bouche, 6 vis de 8 mm et 2 vis de 6 mm. Mais je ne suis plus sûr de la longueur maintenant. 8 et 6 mm ou 10 et 8 ? Je vois également des courbes de tension qui sont à peu près stables, j'essaie de deviner la durée de l'intervention en me référant à l'échelle en haut de la page, la durée me semblait courte, entre une et deux heures, peut-être. J'essaie de mémoriser un maximum d'informations, je sais que je ne reverrai pas ce dossier et qu'il y a peut-être des choses très intéressantes. Un brancardier m'emmène ensuite dans la chambre. J'ai beaucoup aimé cette ambiance dans la salle de réveil, l'impression qu'il m'est arrivé quelque chose et que je m'en sors très bien, que tout va bien.

12h50 : je suis dans ma chambre, la petite télé face à moi. On me met deux poches de glace autour du visage mais elles finissent par se réchauffer au bout de quelques heures. Les infirmières vont régulièrement se relayer pour changer ces poches de glace et mes perfusions, c'est à dire les deux petites poches situées 50 cm à gauche au-dessus de ma tête. C'est de l'eau sucrée pour maintenir la veine, des anti-inflammatoires et des corticoïdes je crois. Elles prennent également ma tension à chaque passage. On me dit de ne pas hésiter sur la pompe à morphine, c'est la télécommande filaire avec le bouton vert, mais je n'ai aucune douleur. De même avec la télécommande filaire avec le bouton rouge pour appeler les infirmières mais elles passent très régulièrement dans la chambre, toutes les deux ou quatres heures, je ne sais plus. Elles font très bien leur travail, je n'ai pas besoin de plus. Un anesthésiste passe et me demande si tout se passe bien.

Je suis aussi branché à une machine qui surveille mes pulsations et ma respiration via les électrodes sur mon thorax et l'oxymètre de pouls au doigt. Quand on s'écarte des bornes la machine émet des bips (pouls trop élevé, pas assez d'inspirations). Des fois c'est l'oxymètre de pouls au doigt qui est mal positionné sur le doigt.

La clinique a averti mes parents que je me suis réveillé et aussi quand on m'a emmené dans ma chambre. A 17 heures ils sont venus me voir jusque 20h30. On m'a dit qu'il fallait que je fasse pipi mais dans mon lit, sans me lever pour aller aux toilettes. Pour cela on utilise une sorte d'arrosoir pour les hommes. Pour les femmes c'est une sorte de grande assiette et il parait que c'est autrement plus compliqué. A 23h les infirmières passent et me disent que je dois faire pipi sinon c'est le sondage (un tuyau dans l'urètre), je n'en ai pas très envie. Mais en fait tout au long de la journée je n'ai pas eu envie d'aller aux toilettes. Je n'avais pas soif non plus, la perfusion fonctionne très bien. Peu après le passage des infirmières à 23h je me suis décidé à uriner dans le petit arrosoir, il doit faire un demi-litre.

Je me redresse un peu pour me retrouver assis dans le lit, je pose l'arrosoir entre mes jambes, j'écarte le drap, la robe de chambre et le slip en papier et je glisse mon engin dans l'arrosoir. J'attends, rien ne se passe, je "pousse", rien ne vient. Ca m'arrive quand je ne suis pas à l'aise, c'est pour cela que je préfère les toilettes fermés aux urinoirs. Puis je sens que ça vient doucement, je commence enfin à uriner mais il me faut me concentrer. Et j'ai maintenu ma respiration trop longtemps, la machine qui surveille ma respiration commence à bipper. Je n'ai pas envie que les infirmières interviennent à ce moment là.

J'ai du mal à identifier les bips, est-ce que ça vient de l'oxymètre au doigt ? Ou des électrodes sur le thorax ? Je respire rapidement pour rattraper la moyenne des inspirations qui doit être entre 8 et 30 inspirations par minute. Les bips s'arrêtent et je peux continuer mon affaire. Au final je remplis presque l'arrosoir, je le pose sur la table, je remballe le matériel et me lave les mains avec mon savon hydro-alcoolique parce que je sais rester propre même dans les situations difficiles.

La tulipe dans le nez commence à me gêner. Ce n'est pas le fait d'avoir un objet étranger dans le nez, non. De la salive mêlée à du sang coule au fond de ma bouche, je suis obligé d'avaler de temps en temps. Et avaler ma salive me fait mal à cause de l'intubation pendant l'opération. Je demande aux infirmières d'aspirer de temps en temps les liquides au fond de ma bouche avec un tuyau très fin. Il y a très peu de liquides mais ça suffit à m'étouffer. Ma narine droite, libre, se bouche, peut-être à cause de la chambre exposée au soleil. La respiration devient plus forcée au fil de la journée et j'ai même un peu de mal à respirer par la narine gauche car la narine se bouche autour de la tulipe, les sécrétions coulant dans la gorge le long de la tulipe. Je demande aux infirmières qu'elles me retirent la tulipe mais elles n'en ont pas le droit, soit. Je m'endors mais je me suis réveillé plusieurs fois brusquement car je n'arrivais plus à respirer par la bouche. Mes lèvres s'asséchaient. Il fallait faire avec.

Question nourriture c'est assez simple : glace, jus de pomme, compote et yaourt. Le tout à la paille. Comme les mâchoires sont serrées par des élastiques, la paille s'arrête au niveau des incisives. Ensuite c'est bain de bouche dans le lit (on recrache dans un bol en forme de haricot) et séchage avec les mouchoirs en papier. Heureusement que j'avais les miens, c'est très pratique. Le stick pour les lèvres a aussi été utile.

Je dors dans une position presque assise, personne ne m'a rien dit mais c'est ce que j'ai lu sur les différents blogs je crois. C'est pour faire descendre l’œdème. Heureusement le lit est électrique, on peut lever la tête ou descendre les pieds avec la télécommande.

J+1072 : lendemain de l'intervention


Entre deux visites des infirmières je regarde la télévision mais il n'y a strictement rien. Je n'ai pas l'habitude de regarder la télé mais en journée c'est pire que ce que je pensais, rien, le néant. J'ai pu voir un documentaire intéressant d'Envoyé Spécial mais en journée c'est le désert. Avec 20 chaines gratuites sur la TNT c'est vraiment désespérant en fait. Il n'y a que BFM TV qui brode sur des faits divers... Ah si, il y avait Des chiffres et des lettres avec plus de chiffres qu'avant. Je n'ai pu lire que 20 pages d'un livre, je n'en avais pas trop envie. Mais sinon il n'y a rien à faire. Au final le temps finit par passer je ne sais pas trop comment.

Dans la matinée les infirmières me retirent enfin la tulipe, ce n'est pas très agréable mais je m'attendais à pire. En fait la tulipe doit faire dans les 8 centimètres, imaginez-vous avec le petit doigt entièrement dans le nez, je ne savais pas que ça passait. Ensuite je me suis lavé le nez avec des ampoules de chlorure de sodium à 0,9%, c'est de l'eau salée. Et mon nez était enfin débouché, je pouvais respirer normalement. A partir de là je me suis senti bien mieux.

J'ai pu effectuer ma toilette au gant de toilette dans la salle de bain, assis sur une chaise. C'était très sommaire.

J'ai vu le chirurgien, il ne sait pas de combien il a avancé ma mandibule car il a fait cinq interventions cette semaine. Il a "rasé" mon menton (l'os, pas les poils), il n'a pas effectué une génioplastie où l'on coupe une partie du menton pour la fixer avec une plaque ensuite, non il a simplement réduit le volume à la fraise. Le chirurgien me remplit la feuille d'arrêt de travail : 4 semaines. Ca me va. Je dois ensuite faire des radios et changer de chambre car le service où je suis ferme le week-end. Le même anesthésiste passe et me demande si tout se passe bien.

On m'installe dans un fauteuil roulant, je me sentais prêt pour me balader mais bon il faut aussi transporter les perfusions... Je préviens le radiologue que je ne pourrai pas mordre dans la réglette comme à l'habitude. Pas de problème, il pose un support en plastique en forme de "C" contre lequel je viens appuyer mon menton et mon front. La radio se passe très bien, je récupère le cliché, j'attends mon brancardier qui ne veut toujours pas en finir avec moi, tant mieux. Il me ramène dans ma nouvelle chambre avec une bien meilleure vue sur la ville. J'ai gagné un lit plus grand et une chambre plus fraiche.

La radio est surprenante, on dirait que seule une branche de la mandibule a été fracturée. On voit bien les deux plaques ainsi que les 8 vis.

D'autres infirmières s'occupent toujours aussi bien de moi. Je finis par m'endormir devant la télé. A 1h49 j'éteins la télé et je me rendors mais 10 minutes plus tard les infirmières font leur passage... Elles prennent ma tension qui est bien faible mais c'est normal. Elles changent ma perfusion et je m'endors de nouveau, c'est très facile. La douleur à la gorge due à l'intubation s'est beaucoup estompée.

J+1073 : sortie


Je sors vers 9h en réglant les dépassements d'honoraires du chirurgien et de l'anesthésiste. Il me reste à suivre les consignes post-opératoires mais je suis un peu laissé tout seul dans la nature. Heureusement que les parents sont là mais il ne faut plus trop compter sur la clinique ensuite.

Tout le monde à la clinique a été adorable avec moi. Je ne connaissais que très peu le milieu hospitalier mais là c'était digne d'un hôtel 6 étoiles. Au final je ne suis resté que deux jours. Tant mieux, il n'y avait rien à faire et tout allait bien pour moi.

Je n'ai pas pas de drain et pas de douleur, juste un sparadrap pour maintenir mon menton. Des gonflements sont apparus, un peu plus gros qu'avec mes dents de sagesse mais je n'ai aucun bleu. Je sens ma lèvre inférieure différemment, comme si elle était endormie mais des fois je sens des fourmillements se déclarer dans cette zone.

J'ai des médicaments à prendre : des antibiotiques et des anti-inflammatoires pendant 5 jours ainsi que des bains de bouche pendant 10 jours après chaque repas.

Je ne croyais pas trop mon chirurgien quand il m'avait dit que ce serait comme les dents de sagesse mais c'est tout à fait ça en fait. Il a eu beaucoup plus de travail bien sûr mais de mon côté ça se passe plutôt bien.

J'ai donc les mâchoires bloquées par des élastiques, les incisives supérieures et inférieures sont presque en bout à bout, l'occlusion est très mauvaise, très instable, les dents ne s'emboitent pas. Mais plus les jours passent et plus les molaires se rapprochent. Il s'agit maintenant de dégonfler, d'améliorer l'occlusion, de consolider les fractures et de pouvoir retrouver une alimentation bonne.